Les premiers pas en entreprise chez Miko
A 25 ans, après un master en communication et des premiers pas dans l’événementiel, j’intégre Miko, le fabricant de crèmes glacées installé à Saint-Dizier, en Haute-Marne. En ville, impossible de rater l’enseigne ! Elle flotte au-dessus de l’usine, peinte sur une tour carrée bleue et blanche qui semble tout droit sortie d’un studio de cinéma hollywoodien des années 30.
La marque jouit alors d’un profond capital sympathie auprès des gourmands – et des adeptes de la « petite Reine ». Miko, c’est l’esquimau du Tour de France cycliste !
Le groupe familial, fleuron de l’agroalimentaire français, s’appuie sur un imposant dispositif de forces vives réparti dans tout l’hexagone. Un capital humain et sentimental qui peine à résister aux méthodes de conquête des marchés des puissants groupes agroalimentaires comme Nestlé ou Unilever.
En 1994, jeune et intrépide, je suis en charge des relations presse, de l’événementiel et de la communication interne. Je découvre le milieu de l’entreprise, les travers mais aussi l’aspect expérimental et empirique d’un management familial. Je m’attache à ce corps sensible, aux gens qui mettent leur force en commun, au bruit des machines et des couloirs.
Je me sens de taille à lutter contre les géants des supermarchés lorsqu’il faut investir la nuit parisienne, faire du bâtonnet Miko une égérie des soirées fashion réussies.
Le rachat de l’entreprise familiale : une expérience glaçante qui oriente mon avenir loin des multinationales
Quand Unilever rachète Miko en 1994, je prépare la tournée annuelle des régions, un road show qui réunit la direction, le marketing et les forces de vente aux quatre coins du pays dans une ambiance bon enfant. Cette année-là, un silence pesant nous accueille et la peur se faufile dans les rangs lorsque le nouveau DG, parachuté pour faire le ménage, monte à la tribune. Quelques phrases lapidaires. Sacrifier l’entreprise sur l’autel de la rentabilité. Épurer les comptes et balayer les restes.
J’ai posé ma lettre de démission et, sans préavis, refermé la porte vitrée de mon petit bureau dans l’aile soudain frigorifiée de la tour mise au rebut.
Fin de l’histoire ? Pas tout à fait.
Au tournant de cette expérience s’est forgée la nécessité absolue d’évoluer dans un univers de travail en accord avec mes valeurs, un monde qui place l’homme et, plus généralement, toute forme de vie, au cœur de la machine ; une machine à grandir, à s’épanouir et à protéger.
« De vous à nous », ma petite agence de communication définitivement dévouée à la gastronomie, à l’art de vivre, au patrimoine
Je rencontre Béatrice Cointreau quelques mois après avoir posé ma valise à Paris. Béatrice préside Champagne Gosset et Cognac Frapin, deux maisons au savoir-faire ancestral qui déploient fièrement la bannière de l’excellence. Avec son appui et forte de sa confiance, je fonde ma petite agence de communication et entame une navigation au long cours en terre d’art de vivre et de gastronomie.
C’est le début des années vives. L’enthousiasme règne, l’énergie est à son comble et la chance, montée en croupe, favorise les belles rencontres.
Chez Gosset et Frapin, je noue de passionnantes relations avec un équipe zélée, intrépide et volontaire. Avec Sandrine, responsable marketing, nous embarquons des journalistes dans l’Orient-Express pour une escapade à la fois luxueuse et savoureuse. Le chef étoilé Ferran Adria, alors au firmament de sa célébrité, accepte de quitter son laboratoire pour cuisiner un repas unique et prestigieux à la Maison de la Catalogne à Paris.
Et tant d’autres événements festifs ! Je rédige, j’organise, je donne la réplique et partage l’aventure au jour le jour.
Pour Frapin, je développe des rendez-vous gastronomiques de haut vol : les 4 C. une dégustation croisée de cognac, café, chocolat et cigare ; Quatre produits qui révèlent leurs arômes et racontent leur terroir après avoir traversé l’épreuve du feu.
En Charentes, tous mes sens se régalent. Dans le silence odorant des chais où l’eau-de-vie, patiemment, se bonifie en s’évaporant, je ressens physiquement le poids de l’histoire et la charge du patrimoine. Je mesure avec incrédulité la distorsion entre la profonde respiration du cognac et l’immédiateté tranchante qui transforme nos sociétés.
Je réalise la virtuosité nécessaire pour tirer son épingle du jeu lorsqu’on défend un savoir-faire séculaire sur un marché mondialisé, dominé par l’avidité de groupes financiers tentaculaires.
J’éprouve un respect fulgurant pour ce joyau qu’est Frapin. Je suis reconnaissante à Béatrice de m’avoir initiée. Je suis heureuse d’avoir rencontré Patrice, alors responsable du vignoble, directeur général aujourd’hui. Je suis admirative de son talent qui combine la gestion à la vision, une conduite valorisante des hommes et la création de cognacs d’exception. Je suis touchée par la simplicité – et la fierté légitime – avec laquelle il accueille l’hommage universel rendu à l’exemplarité des cognacs Frapin. Notre amitié perdure au fil de savoureux et joyeux moments de partage.
Gosset, Frapin, Armoric, Le Creuset, Weber… Tant d’émotions à promouvoir, valoriser et faire équipe !
Presse pro et contrôle qualité chez Armoric
A l’heure du rachat et du démantèlement d’Ortiz-Miko, Gilles Charpentier, alors Directeur du Groupe, rachète, pour 1 euro symbolique, la petite fabrique quimpéroise de saumon fumé Armoric, au bord de la faillite. Pour redresser la barre, il chausse les bottes, coiffe la charlotte et descend dans l’usine pour en améliorer l’ergonomie et la productivité. Lorsque je suis appelée pour gérer les relations presse, toute l’équipe est à la manœuvre pour obtenir la certification ISO 9002 qui cadre les systèmes de management de la qualité dans les organisations industrielles et commerciales.
Armoric est mon deuxième client et Gilles, un capitaine inspirant. À son bord, je comprends que je veux servir ces femmes et ces hommes, entrepreneurs intrépides, visionnaires et humains.
Rédaction & RP pour Le Creuset
Je deviens rédactrice pour Le Creuset et travaille en étroite collaboration avec Isabelle de Boisguilbert, leur attachée de presse.
Approcher la fonte en fusion et respirer la poussière noire échappée des ateliers m’a laissé un souvenir impérissable. La sensation paradoxale de fragilité d’un patrimoine industriel précieux. Le respect pour chaque cocotte que je manipule, pièce unique fignolée à la main, là-bas dans le nord, à Saint-Quentin.
Le service commercial de Le Creuset vient de signer un accord de distribution pour une marque américaine de barbecue jusqu’alors inconnue. Une gamme d’ovnis cylindriques coiffés d’un couvercle… Ca vous rappelle quelque chose ?
Lancement des barbecues Weber en France
La famille Stephen a décidé d’apprendre au vieux continent à cuisiner en plein air à l’aide de ses barbecues Weber. Elle s’équipe d’un réseau d’attachés de presse et relations publiques du Nord au Sud de l’Europe.
J’accepte avec joie de promouvoir ces drôles d’engins en France et m’envole pour Chicago afin d’apprendre à cuisiner au feu de bois.
Une grande limousine nous cueille à l’aéroport et nous conduit au siège de l’entreprise. Je n’y découvre pas seulement des produits révolutionnaires mais une véritable culture de la cuisine en plein air. Nous, pauvres français, à la pointe de la gastronomie, sommes renvoyés à l’âge de pierre avec nos foyers ouverts et nos grillades charbonneuses. J’avoue avoir été séduite, non par l’accent, mais par l’aplomb des jeunes loups Stephen fourbissant leurs armes pour conquérir le monde.
En France, le débarquement de Weber fut assez tonitruant. Le succès, rapide. J’y ai contribué, main dans la main avec une chouette équipe chez Le Creuset. Ensuite une filiale a repris les rênes, intégrant toute la chaine de promotion et vente.
Au cœur de ces années, une éthique et des choix cohérents
Pour le duo Le Creuset-Weber, j’organisais une dernière conférence de presse en forme de coup d’éclat. Un toit de Paris balconant sur l’Arc de Triomphe. La performance de chefs étoilés se prêtant amicalement au jeu en cuisinant, dans la fonte et sur le grill, des recettes imaginées pour l’occasion. La dégustation d’un élégant champagne millésimé Gosset, d’un flamboyant cognac Frapin, d’un délicieux saumon fumé Armoric. Comme la synthèse d’une époque.
Ces dix années de communication via ma petit agence unipersonnelle furent le théâtre de choix cohérents déterminés par une éthique et le sens des responsabilités. Vis-à-vis de mes clients mais, tout autant, pour évoluer en accord avec mes convictions. J’éprouve un solide sentiment de gratitude envers toutes les personnes rencontrées, qui ont nourri ce parcours.
Aujourd’hui, de nouveau freelance, j’utilise ces années d’expérience pour contribuer au cheminement d’entreprises à taille humaine, inspirantes et vertueuses. J’y vois comme une vocation et le sens de mon propre chemin.